De la toxicité à l’énoncé
Pierre Denier dans ce récent billet sur les groupes LinkedIn, Viadeo, etc. liés à l’emploi, évoque la toxicité des groupes de discussion en ligne.
En fait d’intelligence collective, véritables défouloirs et déversoirs d’états d’âme, ces réseaux enferment les participants dans une logorrhée, multiple, contre-productive, qui agrège toute les récriminations, toute l’expression d’impuissance, toute la négativité, imaginables.
Nous discutions le fait que le phénomène n’est pas spécifique aux communautés en ligne et je soulignais qu’à mon sens, on pouvait y déceler des aspects positifs.
En effet, et très pragmatiquement, il est — parfois, peut-être — préférable que les gens se défoulent en ligne, plutôt que sur leur conjoint, collègue ou voisin. :) “Le premier homme à jeter une insulte plutôt qu’une pierre est le fondateur de la civilisation.”, disait Freud.
- Mais surtout ce bouillon d’états d’âmes, cet agrégat de négativité, de tout « ce qui ne va pas », est intrinsèquement porteur de toutes les voix, et donc toutes les voies, de résolution possibles au plan systémique [pour peu que le dit système sache les exploiter]. Des maux en mots. En quelque sorte, le meilleur lieu d’expression de besoins qui soit ! (Etant entendu qu’entre les besoins objectivés selon nos modèles d’analyse fonctionnelle actuels, et ceux intégrant toute la dimension humaine, subjective, singulière, il y a un pas qu’aucun projet socio-politique au monde ne sera jamais près de franchir !)
Résoudre, c’est hacker le système
Seth Godin dans cet autre billet (sur sa propre « non conformité aux bonnes pratiques » du blogging et du SEO), écrivait l’autre jour « One way to work the system is to work the system. The other way is to refuse to work it.«
En refusant de se conformer aux principes contraignants et aux effets toxiques du système (de référencement naturel), Seth Godin n’en prouve pas moins qu’il peut exister (en tant qu’humain pensant et reconnu). Et même ainsi engager une émergence positive puisque le système lui-même (celui de Google, par exemple) sera un jour ou l’autre amené à évoluer pour intégrer les contraintes que Seth Godin (et d’autres) lui imposent.
Une réfutation par ses actes, en quelque sorte, de la théorie sur laquelle est bâti le système, l’obligeant par là-même à évoluer. « If you can’t hack it, you don’t own it« .
Absolument tous les systèmes, sociaux ou techniques, ont leur toxicité. Nous ne devrions pas la subir ou la déplorer passivement, en nous laissant envahir ou déborder par elle. Ou c’est la porte ouverte à toutes les fenêtres ;) Il faut bien au contraire comprendre que, cette toxicité, c’est le grain de sable du système. C’est le grain de sable… qui dans l’huître se transforme en perle : c’est précisément de là que peut émerger l’innovation.
Lorsque l’énoncé d’un problème est exactement connu, le problème est résolu; ou bien c’est qu’il est impossible. La solution n’est donc autre chose que le problème bien éclairé.
(Emile-Auguste Chartier, dit Alain)
2 commentaires sur “La toxicité, perle de l’innovation ?”